La tente de la Reyne de la joute

Isambre et Cerridween trouvèrent non sans difficulté la tente qui leur était réservée. L’activité qui animait le campement était telle, qu’il avait fallu se faufiler adroitement entre chevaliers et écuyers, afin d’accéder au pavillon rouge écarlate qui leur était destiné. Une fois soulevée la toile protégeant l’entrée de la tente, Isambre poussa un long soupire de contentement:

Il était temps que nous trouvions notre gîte! Je suis épuisée!

Cerridween était elle aussi, assez contente d’avoir trouvé leur tente… elle déposa d’abord son épée et sa cape rouge et voyant l’intérieur, s’écria :


Je ne doute pas que nous serons bien ici !


Elle détailla la pièce du regard : la première chose qui l’attira son regard fut le brasero. Quelle délicate attention de la part de leur hôte… la chaleur des braises faisait du bien après ce long voyage. L’intérieur était coquet. A droite, on avait disposé deux couches avec d’épaisses couvertures près de la toile de tente. Au centre, se tenait une table et deux sièges pour accueillir le repas des deux voyageuses et sur la gauche, on pouvait voir une banquette jonchée de cousins.

Cerridween se ressaisie :

Je vais m’occuper de nos bagages… si jamais je m’assoie, je crois que je vais restée prisonnière de cette atmosphère bienfaisante et de cette banquette moelleuse.

Elle sourit

Isambre déposa la claire épée qui ne la quittait que très rarement et déposa son poignard sur sa couche.
Puis elle servit deux hanaps du vin qu’on avait eu la délicatesse de mettre à leur disposition. Elle proposa l’un à son amie et s’empara avidement de l’autre.

Prends donc un peu de temps pour déguster cette succulente boisson, nous appellerons un page dans quelques minutes!

Tout en sirotant son breuvage elle s’assit sur la banquette, ma foi fort confortable. Elle surprit tout à coup son reflet dans un miroir posé sur la table.

Et bien ma belle, il y a du travail! Quel épouvantail je fais! Un bon bain ne serait pas superflu pour nous débarrasser des miasmes du voyage!

Elle fit rapidement le tour de la pièce et s’aperçut qu’aucun bassin ne s’y trouvait.

Cerridween s’assit… le vin qui coulait dans sa gorge réchauffait son corps. Une petite rougeur colora ses joues . Elle poussa un soupir d’aise…

Elle éclata de rire lorsqu’elle entendit la remarque de son amie :

Ne sois donc pas si dure avec toi-même. Même la pus jolie fleur du royaume aurait perdue sa fraîcheur après la chevauchée que nous avons du faire pour arriver séant. Mais je pense effectivement qu’un bain ne serait pas désuet dans notre situation …


Elle se leva et reprit sa cape :

Je vais tâcher de trouver un page ou un garde pour faire demander à Deldor nos bagages et une grande bassine d’eau… pendant ce temps repose toi.

Cerridween essaya de se frayer un chemin entre lances, drapeaux, jongleurs et jouteurs... au détour du campement elle reconnu Deldor entouré de gardes. Elle s'approcha, fit une révérence et lui dit en souriant:

Excusez moi, messire, d'abuser de votre temps précieux... Ysambre demande s'il est possible d'avoir une grande bassine d'eau chaude pour se refaire une beauté après ce voyage harassant et s'il est possible de faire parvenir nos coffres afin qu'elle puisse se vêtir pour la joute comme le doit une Reyne de tournoi...

Deldor se retourna et vit la belle demoiselle.

Isambre besoin de se faire belle ? Je croyais qu'elle était belle naturellement...
Les femmes nous cachent beaucoup de chose.

Deldor fit signe de la main à deux messieurs.

Qu'on faite parvenir un bassin à la tente de la Reyne de la Joute, ainsi que leurs bagages.

Les deux serviteurs partirent exécuter l'ordre.
.
Si vous avez besoin de quoi que se soit je ne suis pas loin.
Il s'inclina et repartit dans ses activés.

Après avoir chaleureusement remercié Deldor pour sa sollicitde, Cerridween prit congès. Elle revint à la tente avec les serviteurs, le bain et le coffre :

Et voilà ce que femme veut, Dieu le veut et Deldor le donne !


Elle sourit, taquine, à son amie...

Isambre accueillit les paroles de Cerridween avec un éclat de rire flutté.

Tu l’as très bien cerné Cerrid, c’est tout à fait lui!

Puis observant les pages qui suivaient son amie elle leur adressa une petite révérence.
Je vous remercie messieurs, posez tout cela ici et ne vous attardez pas. Vous avez sans doute bien d’autres tâches plus importantes auxquelles vous consacrer!

Une fois les hommes partis, elle se jeta sur sa malle et l’ouvrit avec crainte. Elle se détendit à la vue de son contenu: tout était en place, et aucune de ses affaires n’avaient souffert de voyages.

Cerridween déplaça précautionneusement le brasero près de la bassine...

Je pense que tu ne vas pas passer trop de temps en ablutions, il fait froid tot de même... et une Reyne avec un nez rouge, ça devient ....

Cerridween ne finit pas sa phrase et se retint de rire...


Allons délasse-toi, mais fais attention de ne pas prendre froid...


Elle prit sa cape et son épée...

En attendant pour t'éviter toute déconvenue, je vais rester à l'entrée de la tente... au cas où certains yeux seraient trop curieux...

Après avoir répandu un liquide parfumé de rose dans la bassine, Isambre effectua une soigneuse toilette. Malgré la chaleur diffusée par le brasero que son amie avait avec prudence eut soin de raviver, Isambre fut prise d’ un léger frisson. Elle entreprit alors de se vêtir de sa robe préférée, d’une fine étoffe de soie verte brodée de mince fil d’argent. Elle acheva de s’habiller en passant une large ceinture moirée aux reflets gris anthracites. Elle peigna enfin soigneusement sa chevelure et la noua en une simple tresse liée en un ruban noir.

Je suis prête ma belle, tu peux revenir, aucun regard indiscret n’est plus à craindre!

C’était au tour de Cerridween de se faire belle. Une fois lavée des poussières du voyage Isambre la parfuma, puis ouvrit le coffre de son amie. Elle en sorti une robe d’une rougeur éclatante. Elle l’aida à passer la riche étoffe, puis le fin surcot blanc. La ceinture dorée vint parfaire l’élégance de Cerridween. Ce fut ensuite à la flamboyante chevelure d’être peignée, parfumée puis domptée en un fin ruban doré.
Isambre regarda son amie avec sourire satisfait.

Tu es tout simplement ravissante ma chère! Enfilons une cape et dépêchons nous de nous présenter à la joute. Je suis impatiente de découvrire les lieux!

Elles sortirent et se mélèrent à la foule assourdissante.